L'envie, la luxure, la gourmandise, l'avarice, l'orgueil, la paresse et la colère. Les sept péchés capitaux que vous ne connaissez que trop bien. Chaque être humain porte ces péchés en lui. Certains sont plus marqués, d'autres quasiment inexistants, et quoiqu'on en dise, ces péchés déterminent notre caractère, aussi bien les qualités que les défauts. J'ai péché d'orgueil et de colère. Surtout de colère. D'aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours été de nature à m'emporter facilement. Enfant capricieuse et bagarreuse, j'ai mené pendant quatre ans une vie de princesse. Toutes les bêtises que j'ai pu faire, on me les pardonnait. Tout ce que j'ai exigé, je l'ai obtenu.

Je suis née à Manchester, dans une famille aisée. Les Havenford de Londres règnent sur un empire immobilier immense qui étend ses tentacules de l'Irlande à l'Italie. Bien que mon père soit souvent absent à cause de son travail, il a toujours été ravi d'avoir une fille, et s'émerveillait toujours devant mon évolution lorsqu'il rentrait à la maison. Ma mère cependant s'est vite retrouvée débordée. Dès que j'ai pu marcher, je n'ai pas cessé de foutre le bordel dans les quatre coins de notre demeure familiale. Ils me décrivaient comme une enfant épanouie et pleine de ressources, unique. Pendant quatre ans donc, j'ai régné en maître sur la maison Havenford, imposant mes crises de colère à qui osait me refuser ce que je demandais. J'ai dès le plus jeune âge manifesté une certaine violence. Je n'hésitais pas à frapper, mordre, à me débattre coûte que coûte peu importe mon adversaire. En gros, j'étais infernale.
Et je n'ai jamais cessé de l'être. Mon caractère a même empiré, lorsqu'en 1993, alors que j'avais à peine quatre ans, ma mère a mis au monde un étrange petit être, gesticulant, bavant et incroyablement immonde. Ils me l'ont refourgué et m'ont dit "Tiens, voici ton petit frère." Là pour le coup, j'ai halluciné. Un quoi ? Petit frère ? Qu'est-ce donc ? Et bien j'ai découvert plus tard qu'un petit frère, c'était un emmerdeur. Il m'a volé la vedette, a attisé ma colère plus assurément que n'importe quel affront, a empiété sur mon territoire de princesse et a volé mon originalité. En effet, ma mère étant friande de prénoms rares l'a affublé d'un prénom presque aussi introuvable que le mien. Lyven Hélios Havenford. Dès lors, on ne s'extasiait plus devant la petite Calium que j'étais, mais devant les enfants Havenford. Devoir ainsi partager la scène avec cette petite chose a bouleversé mon enfance.


Ah, pauvre enfant égoïste que j'étais. Finalement en grandissant, j'ai dû apprendre à gérer mon sale caractère et à trouver un compromis. J'ai alors compris que si je voulais être de nouveau le centre d'attention de ma famille, je devrais me surpasser, arrêter les crises et devenir un enfant modèle. Enfant malicieuse, je suis entrée dans la puberté avec une seule idée en tête, utiliser la ruse pour devenir la fille exemplaire qui me rendrait mon statut de princesse. Je me suis mise au travail, j'ai étudié, j'ai vu des psys pour contrôler mes accès de violence et je me suis mise au sport pour canaliser mon énergie. Ca m'a demandé beaucoup d'efforts, mais j'ai vite été récompensée quand j'ai vu que mes parents recommençaient à vanter leur petite Calium chérie qui devenait une élève modèle. Qu'est-ce qu'il faut pas faire pour avoir ce qu'on veut ! Au fur et à mesure, je me suis quand même découvert des passions. D'abord la gymnastique, grâce à laquelle j'ai commencé à prendre le contrôle sur moi. J'étais douée apparemment, parce que mes entraîneurs m'ont poussé à participer à des compétitions. J'ai d'ailleurs brillé durant ces compétitions, en devenant plusieurs fois championne d'Angleterre, puis vice championne du Royaume-Uni. Il n'y avait pas plus fiers que mes parents à ce moment là, à part moi peut-être. J'avais atteint mon but, j'avais écrasé mon petit frère, j'étais redevenue une princesse.

Et c'est ce qui m'a ensuite perdu. Mon sale caractère a repris le dessus. Les accès de violence sont revenus. Alors que je participais à une compétition européenne, j'ai agressé une nana qui m'avait prise de haut. Je lui ai cassé le nez, et en tombant, elle s'est foulée la cheville. Mais c'était pas de ma faute si cette pauvre cruche pétait plus haut que son cul. Elle n'avait eu que ce qu'elle méritait. Mais chaque acte a ses conséquences, et je me suis vue disqualifiée et interdite de compétition de gymnastique pour cinq ans. L'échec a été cuisant, agaçant, énervant. J'avais alors 15 ans.

M'en remettre a été long. J'ai arrêté le sport un moment, dégoûtée. Je me suis plongée dans les études. Après avoir quitté l'Europe, je me suis prise de passion pour les langues. En particulier le français, que je trouvais absolument divin à entendre. J'ai vite déchanté en découvrant que c'était une langue très complexe à apprendre, mais j'avais appris depuis peu qu'on n'avait rien sans rien. Et bizarrement, durant cette période d'apprentissage, je me suis rapprochée de Lyven. Mon petit frère commençait à grandir, à comprendre un peu mieux ce que c'était d'être né dans la famille Havenford, entre un père absent, une maman névrosée et une grande soeur impulsive au bord de la psychose. Il est un jour venu me voir et m'a dit : "Tu sais soeurette, même si tu fais plus de gymnastique, tu es toujours une championne pour moi." J'ai alors pris conscience que je ne connaissais pas mon petit frère. Que j'avais passé mon temps à vouloir le surpasser, alors qu'au bout du compte, il ne m'avait rien fait. Et là, sans raison, je me suis mise à chialer comme une conne devant lui. Parce que mon sale caractère m'avait aveuglé, parce que je n'avais jamais su voir que Lyven m'aimait, même quand je lui témoignais du mépris.

A partir de ce jour, lui et moi sommes devenus presque inséparable. J'ai rattrapé en quelques mois les 11 ans de sa vie que j'avais manqué. J'ai découvert que si moi j'étais une fille dynamique et avec du punch, lui était plutôt passif, à regarder le temps filer sans se préoccuper d'autre chose que de son bien être. Lyven est un artiste contrairement à moi. Pianiste et dessinateur, il déborde de talent mais ne semble pas s'en vanter. Il s'en fiche presque. Il m'a appris plein de choses, comme quoi je n'avais plus à vivre à travers le regard des autres, qu'être au centre de l'attention, c'était se donner de la peine pour quelques minutes de gloire. Il m'a poussé à recommencer le sport, mais cette fois, de le faire pour moi, et non plus pour faire plaisir aux parents. A partir de là, j'ai commencé à vivre ma propre vie. Au lycée, je me suis inscrite dans l'équipe de cheerleaders. Notre équipe s'appelait les Typhons, et on a dégommé les autres nunuches en minijupe de Manchester. J'ai repris goût à ce qui me faisait plaisir.
En sortant du lycée et avec toutes les activités que j'avais derrière moi, toutes les grandes universités m'étaient ouvertes. Mais j'avais décidé de prendre une année sabbatique et de faire un tour d'Europe, puis de venir voir de la famille en Australie.

C'est comme ça que j'ai atterri à Cosmopolis. La ville me tendait les bras, et je m'y suis blottie. J'avais 19 ans, et toute la vie devant moi. Et bizarrement, en débarquant dans cet endroit complètement givré, je me suis sentie chez moi. Une certaine attraction m'avait fait resté là. J'ai alors commencé mes études ici, d'abord en étudiant les langues étrangères à la fac, puis en intégrant l'école qui formait les interprètes et les traducteurs, dont les locaux se trouvent dans les bâtiments de l'université. Au début tout allait comme sur des roulettes... C'est après que les choses bizarres sont arrivées. J'ai senti grandir en moi encore une fois ce sentiment de frustration et d'impulsivité. Mes crises de colère m'ont rattrapé, mais j'ai senti que ce caractère était encore plus marqué qu'avant. Je devenais parfois incontrôlable, et je me suis retrouvée dans maintes et maintes galères. Depuis une agression qui m'a envoyé à l'hôpital, je me balade toujours armée d'un couteau. Malgré mon impulsivité, j'ai fini par m'intégrer totalement dans la population de Cosmopolis. Mon petit frère m'a rejoint en Australie, car je lui manquais trop apparemment. On mène notre petite vie tranquille, dans un univers bien moi tranquille lui.

La colère, je vis avec elle depuis toujours. Elle est une partie de moi, et elle a pris beaucoup de place dans ma vie. Mais depuis que je suis à Cosmopolis, elle ne se contentait plus de survenir de temps en temps, elle s'est mise à me ronger. Elle phagocyte ma raison, annihile mes sens, me rend aveugle, hystérique et dangereuse pour autrui. Pas que j'ai une grande considération pour autrui, c'est juste qu'à force de chercher des noises, je finis par être dangereuse pour moi-même. La colère est dévastatrice, sûrement le péché qui peut le plus vous détruire, car il prend possession de vous. Je suis colère avant d'être moi, et que les dieux aient pitié de ceux qui tenteraient de me freiner.

Dans la vraie vie, mon pseudo c'est : Rolling Sto' / Atomic. Je suis de sexe féminin et je vis sur l'île de la Réunion (France). J'ai 17 ans. Je suis actuellement en vacances mais bientôt en L1 Langues étrangères appliquées et je peux me connecter facilement 5j/7. Quand j'ai vu le forum, je me suis dit . Si je veux un parrain ? oui.